Tout était pourtant en place. La saison 2019/2020 de la coupe du monde de biathlon allait connaître un épilogue de grande facture. Jusqu’à la dernière minute, il faudrait batailler pour avoir le droit de rapporter à la maison les précieux trophées.
Sauf que ces épreuves se sont déroulées à huis clos.
Ce qui a surpris ceux qui ont regardé ces dernières joutes à la télévision, ce n’est dès lors pas le silence. Les retransmissions sur le petit écran savent saisir le moindre bruit. Depuis notre canapé, on entendait encore les détonations sur le pas de tir, la respiration des athlètes, les cris des entraîneurs et des techniciens en effectif réduit, les chansons pop qui sortaient des haut-parleurs… Non, ce qui manquait, c’était la ferveur. Point de chants de supporters allemands, de drapeaux russes et de casques vikings. Nulle fanfare improvisée, crécelle géante et joues peintes.
Si les stades ont été fermés au public, parfois à la dernière minute comme ce fut le cas en Finlande, c’est en raison de la propagation du coronavirus. Une mesure sanitaire que personne n’a critiquée. Déjà, contrairement à d’autres sports, les compétitions n’étaient pas annulées. Enfin, pas encore puisque la fédération internationale allait devoir se résoudre à rayer d’un trait la dernière étape à Oslo. Les autorités norvégiennes se devaient de réagir face à la menace grandissante de la Covid-19.
C’était bien la fureur de partager qui a manqué… et qui risque de se faire attendre.
Voir les biathlètes s’affronter dans ces écrins vides, c’était comme assister au récital d’un chanteur privé de ses musiciens, mais enchaînant ses tubes dont chacune des mélodies nous est familière.
Imaginez quelle aurait été la tension si le feu avait été allumé dans ces chaudrons populaires et généreux en émotions.
Privés de cette communion, les champions ont levé les bras pour la famille du biathlon encore présente (mais dont les membres étaient désormais pressés de s’en retourner chacun chez soi) et surtout pour les caméras. Confiné, le biathlon n’a jamais été autant un spectacle que ces deux derniers week-ends de l’hiver 2019-2020.
Il y eut enfin ces stars qui ont disputé leur dernier tour de piste loin de leurs fans. On pense bien sûr à Martin Fourcade dont le palmarès semble inégalable. On se doit aussi de citer Kaisa Mäkäräinen qui faisait ses adieux à domicile. Elle non plus n’a pas eu droit à l’ovation qu’elle méritait.
Aussi, fermez les yeux et laissez venir les images de leurs adieux, les applaudissements et les remerciements de milliers de supporters, les larmes des proches… C’était bien la fureur de partager qui a manqué… et qui risque de se faire attendre.
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